Le Bureau,
- Rappelant le chapitre V de la Convention et le chapitre I des Directives opérationnelles,
- Ayant examiné le document ITH/17/12.COM 2.BUR/4, ainsi que la demande d’assistance internationale n 01307,
- Prend note que le Maroc a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé La revitalisation des chants féminins de Taroudant:
Ce projet a pour objectif la sauvegarde des chants féminins de Taroudant dans la médina de Taroudant, ville située au sud-ouest du Haut-Atlas marocain. Pratiqués par des troupes musicales de femmes à l’occasion d’événements marquant la vie sociale, les chants non seulement agrémentent les rassemblements de femmes mais plus largement ils véhiculent des valeurs que l’ensemble des communautés de la région du Haut-Atlas occidental reconnaissent comme constitutives de leurs identités. La pratique est en recul du fait de l’attrait des jeunes filles pour des formes musicales plus modernes ainsi que des changements des modes de vie. L’Association Bhayer Dalia regroupant des femmes maîtrisant encore la pratique de ces chants a initié un travail de revitalisation avec les communautés concernées. Ce projet vise à soutenir cet effort à travers des activités de sensibilisation, de renforcement des capacités et de sauvegarde et revitalisation basées sur une large participation des communautés. Le projet prévoit notamment la réalisation d’un inventaire de la pratique des chants par des jeunes femmes formées aux techniques d’inventaire participatif, la création de nouvelles troupes de femmes formées à la fois aux chants et à leur transmission ainsi que d’une fédération des troupes, l’acquisition du matériel nécessaire à la pratique (costumes et instruments de musique), la réalisation et diffusion de produits audiovisuels portant sur les chants aussi bien que sur le processus de revitalisation et l’organisation d’un festival de format réduit. S’appuyant sur un partenariat solidement tissé entre les acteurs institutionnels et la société civile à tous les niveaux – ministère de la Culture, autorités locales, Université Ibn Zohr et associations de la société civile – la mise en œuvre des différentes activités devrait se faire de manière concertée.
- Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau local visant à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel conformément à l’article 20(c) de la Convention, et qu’elle prend la forme de l’octroi d’un don, conformément à l’article 21(g) de la Convention ;
- Prend également note que le Maroc a demandé une allocation d’un montant de 70 440 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier n 01307, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :
Critère A.1 : Une association représentant les groupes concernés par les chants et créée spécifiquement dans l’objectif de la revitalisation des chants féminins de Taroudant est à l’origine de cette demande et a veillé à la pleine participation des communautés dans l’élaboration de la demande ; la demande fournit par ailleurs une description détaillée de l’ensemble des communautés concernées, du rôle de leurs différents membres et de leur étroite implication dans toutes les activités proposées, y compris dans leur suivi et évaluation ;
Critère A.2 : Bien que le montant total de l’assistance demandée et le budget par activité semblent adaptés à la portée du projet et aux résultats escomptés, le niveau de détail fourni pour certains postes de dépense n’est pas suffisant pour déterminer si tous les montants budgétés se justifient ;
Critère A.3 : Les activités proposées sont décrites en détail et présentées dans une séquence logique, couvrant la sensibilisation à travers une journée d’information et concertation, l’édition de supports de communication et la réalisation d’un film documentaire sur le processus de revitalisation, le renforcement des capacités de jeunes apprenties ainsi que de praticiennes expérimentées aux principes de la Convention et aux techniques d’inventaire, des actions de sauvegarde et revitalisation, la création et formation de nouvelles troupes, le soutien à leur coordination et promotion ;
Critère A.4 : Les résultats escomptés s’inscrivant dans une stratégie sur le long terme déjà initiée par l’association qui assurera la mise en œuvre du projet, ils perdureront probablement après la fin de l’assistance : la constitution d’une fédération des troupes actives et l’accent mis sur les jeunes femmes des communautés et leur formation sont à même de promouvoir durablement la transmission et les capacités des communautés de planifier des mesures de sauvegarde appropriées à leur patrimoine culturel ;
Critère A.5 : L’État contribuera à hauteur de 14 pour cent du budget total du projet pour lequel l’assistance internationale est demandée ;
Critère A.6 : Le renforcement des capacités bénéficiera principalement aux membres de la communauté, notamment les jeunes femmes ; leurs capacités seront renforcées à différents niveaux, d’une part à travers la prise de conscience des principes de gestion spécifiques au patrimoine culturel immatériel, comme par exemple les inventaires participatifs, et d’autre part à travers la revitalisation de la pratique et la formation sur les modes de transmission des chants ; en outre, le projet contribuera à accroître les capacités en gestion de projet des associations locales ;
Critère A.7 : Le Maroc a mis en œuvre une assistance préparatoire financée par le Fonds du patrimoine culturel immatériel pour l’élaboration d’une candidature pour la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, soumise pour une éventuelle inscription en 2017 ; le Maroc a mené les travaux en respectant les termes de référence du contrat, conformément aux règlements de l’UNESCO ; le Maroc est également l’un des trois pays bénéficiaires d’un programme de renforcement des capacités pour la sauvegarde effective du patrimoine culturel immatériel, en cours depuis 2013, financé par le Fonds du patrimoine culturel immatériel grâce à des contributions volontaires supplémentaires de la Norvège et du gouvernement de la Catalogne (Espagne) ;
Paragraphe 10(a) : Le projet a une portée locale et implique une coopération très bien articulée entre les associations représentatives des communautés locales et le ministère de la Culture, les autorités locales et le milieu universitaire ;
Paragraphe 10(b) : La diversité des partenaires impliqués dans la mise en œuvre du projet permettra l’apport de contributions techniques issues de différentes sources – le ministère de la Culture mobilisera ses services pour la sensibilisation aux principes de la Convention, les chercheurs de l’Université Ibn Zohr contribueront aux orientations stratégiques – ainsi qu’un effet multiplicateur auprès des partenaires de la société civile impliqués dans le projet qui seront mieux à même de développer des projets de sauvegarde similaires ;
- Approuve la demande d’assistance internationale du Maroc pour le projet intitulé La revitalisation des chants féminins de Taroudant, et accorde à cette fin un montant de 70 440 dollars des États-Unis à l’État partie ;
- Souligne avec satisfaction le rôle central accordé aux communautés dans le projet, tant au niveau de leur participation à l’élaboration de la demande qu’au niveau de la mise en œuvre des activités, ainsi que l’implication bien articulée d’un large spectre de partenaires institutionnels et de la société civile, dont la coopération dans la mise en œuvre du projet semble être un garant de la durabilité des résultats et la stimulation d’efforts similaires après le projet ;
- Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État partie demandeur sur les détails techniques de l’assistance, en veillant particulièrement à ce que le plan de travail détaillé et la budgétisation des activités qui seront financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel soient suffisamment précis pour justifier les sommes allouées et pour que les dépenses réelles puissent effectivement être comparées aux prévisions ;
- Invite l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée.